mercredi 5 septembre 2012

Rentrée des classes

Ca y est, c'est la rentrée !



Chaque année c'est pareil : la ruée des chaînes de télévision vers les entrées des écoles. En studio, on nous a montré des chiffres : le nombre d'enfants concernés, le nombre d'enfants par classe, le manque d'enseignants, le nombre d'élèves qui n'ont pu être inscrits dans l'école choisie à cause du maudit décret, le manque de moyens... Mais tout ça, on le sait déjà, nous y avons tous été préparés par la presse ainsi que par de nombreuses séquences télévisées dans le courant de l'année. Non, ce qu'il faut montrer au téléspectateur, c'est du larmoyant !



Un plan large : on voit les parents qui arrivent en tenant leur enfant par la main. Un plan plus rapproché : le papa et la maman tiennent le petiot par la main. Sur son dos, un cartable flambant neuf, sur lui, des vêtements qui sortent du magasin, sur son visage... un flot de larmes ! Certains parents n'en mènent pas large non plus, on en voit qui ont du mal à retenir une larme qui se forme discrètement sur le rebord de la paupière inférieure.

On interroge la directrice : "C'est vrai, on n'a pas pu accueillir tous les candidats".

L'institutrice explique : "On a rénové certaines classes mais pas toutes, par manque de moyens, évidemment. Nous ferons quand même notre possible pour recevoir les petits dans de bonnes conditions. On essaie de promouvoir les talents, de valoriser les compétences".

On interroge des parents : "Ca nous fait quelque chose de passer la journée sans Kévin, mais il faut bien, hein ? Ben voilà."

On en vient même à interroger des marmots. Ca, c'est la séquence préférée des journalistes ! Les plus petits se cachent derrière les jambes de leur mère. Ceux qui sont un peu plus grands, quand on leur demande s'ils ne sont pas tristes de quitter leur maman répondent : "Oui", avec le visage à moitié caché par le gros micro équipé d'un coupe-vent et orné du logo de la chaîne télévisée. On est bien avancés. Qu'attendiez-vous donc d'autre comme réponse ?

Parfois, surtout en période pré-électorale, on interroge également le/la ministre de l'éducation qui explique combien ça s'est déjà amélioré et tout de qui est prévu pour que ça s'améliore encore plus.

Souvent, on peut apercevoir quelques vues d'une école modèle comme il ne doit en exister qu'une seule en Belgique. Celles qui tombent en ruines, on nous les cache.

CA, on nous le montre chaque année, on connaît la chanson par coeur ! Le 1er septembre, ce n'est pas la peine de regarder la télé : on a déjà vu le film !

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Il règne pourtant une profonde injustice : on ne s'inquiète pas de la rentrée des "grands" ! A-t-on jamais filmé la rentrée des étudiants des universités ou des hautes écoles ? Le 17 septembre, le 28 septembre, le 14 octobre... quand ces prestigieuses institutions reprennent les cours, interroge-t-on des étudiants ? Qui se soucie du déclin de leur moral lors de la très (trop) longue pause d'été ? Le grand public sait-il à quel point nos étudiants ont souffert de la déshydratation pendant les vacances ? Il faut être étudiant pour bien comprendre la dimension du problème. D'ailleurs, une des premières activités de ces pauvres jeunes gens est l'organisation de séances collectives de réhydratation. Heureusement qu'ils prennent les choses en main eux-mêmes car le ministère, le rectorat, noyés sous des montagnes de dossiers en retard, sont dans l'impossibilité de gérer tout ça. Et puis, ils n'ont pas assez de subsides pour mettre à disposition des fûts de bière gratuits...



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