lundi 9 juillet 2012

Euh, écoutez...


Combien de fois n'ai-je pas remarqué ce qui suit : un commentateur expérimenté, une présentatrice blonde à grosse poitrine assise à côté du gentil-invité-qui-est-la-seule-raison-pour-laquelle-certains-regardent-le-JT-ce-soir-là... pose une question à "notre envoyé spécial sur place" : "Dites-nous, Pierre [1], est-ce que la réunion est déjà terminée et qu'est-ce qu'on peut déjà tirer comme conclusion ?"



C'est là qu'arrive le moment critique, l'instant où je me cramponne à l'accoudoir du divan, où je serre plus fort mon verre de bière, où ma respiration s'arrête brièvement... Le suspense est insoutenable... Va-t-il le dire ?

Après un délai dû à la transmission de la parole via le satellite, quand l'intéressé à bien entendu la question dans son oreillette, il entreprend d'y répondre : "Ben écoutez, heu, ..."

Il l'a dit ! Il l'a dit !

Mon coeur rate un battement, je bondis sur mon divan, ma bière se renverse, il y a des cacahuètes partout, ma compagne est terrifiée par mon explosion, c'est l'apocalypse ! Je suis anéanti.

Il l'a dit ! "Ecoutez", qu'il a dit !

Mais dis-donc, mon gaillard, si on s'abrutit devant cette télé au lieu de brûler son surplus de calories en faisant un revigorant jogging, ce n'est pas seulement pour VOIR, c'est aussi pour ECOUTER ! Nous sommes là pour ça ! Qu'on cesse donc de nous rappeler à tout bout de champ qu'il faut écouter. C'est très peu professionnel.


Remarques :

[1] Pierre, c'est juste pour l'exemple. Cela peut évidemment être André, Joseph, Nicole, Nathalie, Julien, Colin, Mathieu, Bruno, Guy, Mireille, Hadja, Paul, Kevin, Marvin, Justine, Martine...  Et Félicie aussi.

Ne mettez pas vos pouces dans mes yeux !

Etes-vous allés à un concert récemment ? Avez-vous à cette occasion observé l'évolution technologique ? Pas l'évolution des micros, des jeux de lumières ou de la sono tonitruante, non. Je veux parler ici de photographie. Étrange association d'idées, diront certains, que l'évolution de la photo et les concerts. Que nenni ! Et je vais le prouver au moyen de quelques lignes édifiantes.


Comment faisait-on, dans le temps, pour prendre une photo ? Après avoir suivi de nombreuses séances de musculation, on empoignait son lourd appareil et, dans une attitude concentrée, prédatrice et aussi professionnelle que possible, on apposait son oeil derrière l'oeilleton et son doigt sur le doigton, si on arrivait à retrouver le sujet qui avait bougé, on appuyait lentement mais fermement sur le bitougnon et tout le monde alentour pouvait entendre le schklzc révélateur.


Il convient ici de faire quelques remarques importantes :

  • Ces appareils, qu'ils soient reflex ou compacts, étaient munis d'un unique oeilleton. Ils étaient donc parfaitement adaptés à être utilisés par des cyclopes.
  • Le son "clic-clac" date de l'époque du daguerréotype. Les appareils reflex modernes, font klzzk, schklzc ou fzlc selon la marque. 
Le maniement adéquat de ce genre d'appareils impose de garder les bras près du corps, à la fois parce qu'ils sont lourds et parce que ça permet d'avoir une bonne stabilité et d'éviter le flou de "bougé".


Ne vous impatientez pas, on en vient au fait.

Les coudes près du corps, l'oeil vissé dans l'oeilleton, cela engendre une position "compacte". On prend peu de place en largeur, pas plus qu'en hauteur.

L'évolution technologique, la voilà :


L'écran à cristaux liquides ! On dit de lui qu'on y voit "exactement ce qu'on verra sur la photo". HAHAHA (je ris) ! Et via l'oeilleton, on ne voyait pas ce qui figurerait sur la photo, peut-être ?

Conséquence de cette énorme évolution ? Tout le monde prend des photos avec les bras tendus.

Outre les positions ridicules que prennent certains photographes, on notera le rayon d'action nécessaire à chacun d'entre eux. C'est que ça prend de la place, quelqu'un qui tient son truc à bout de bras. Vers l'avant, parfois, vers le côté, d'autres fois vers le dessus...

Avant que n'arrive le concert de protestations, je vais démontrer mes dires en les prouvant avec des photos prises par me, myself and I dans un vrai concert à Spa, ville bien connue de Casanova, de Victor Hugo et du tsar Pierre Le Grand, située près du très fameux circuit de Francorchamps dont les autochtones disent qu'il est le plus beau du monde.



Bon, vous voyez où je veux en venir ? On ne voit plus la scène mais une forêt de mains qui tiennent des écrans qui sont parfois de terribles points lumineux au milieu de la pénombre dans laquelle est plongée le public. "Dis-donc, diront certains, tu es bien grognon" ! Et bien oui, c'est d'ailleurs le nom du blog, je vous le rappelle. Oui, je suis grognon et je revendique haut et fort le droit d'être grognon. Pour éviter des mots vulgaires que la pudeur et la morale m'interdisent de dévoiler ici, je dirai simplement que c'est fort déplaisant, tous ces écrans. Et si pour vous, cela semble anodin, attendez de voir la photo suivante.


Filmer le concert avec un iPad ! N'est-ce pas un peu exagéré ? La voilà, la cause de mon courroux : où va-t-on s'arrêter ? Si Apple produit des iPad avec des écrans de 40 pouces, tout le monde va-t-il emporter son panneau et le hisser devant le nez des autres pour pouvoir filmer tout son soûl ? Ne me mettez pas vos 40 pouces dans les yeux, c'est la conclusion de mon cri de détresse. Si on se rend à un concert, ce n'est pas seulement pour entendre, c'est aussi pour VOIR. Et je n'ai pas envie de voir le concert dans un écran placé dans mon champ de vision, je veux le voir en direct, en live, avec mes propres yeux qui rendent une plus belle image que n'importe lequel des appareils.


Grognons du monde entier,

unissez-vous contre les écrans qui empêchent de voir !


Copyright : les deux premières images appartiennent à Canon, veuilles respecter les droits qui y sont associés. Les dernières images sont le fruit de mon propre travail intense. Faites-en ce que vous voulez, elles sont moches et ne valent de toute façon pas tripette.